Loup solitaire

Crépuscule. Le bleu de la nuit tombante se confond avec les couleurs chaudes du jour finissant. Un grand loup au pelage sombre marche dans la forêt, les branchages craquent sous ses pattes griffues. La tête baissée et les babines relâchées, il avance lentement. Ses poils sont encore poisseux du sang de ses précédentes victimes... il n'a pas pris apparence humaine depuis bien longtemps. Cela fait plusieurs jours qu'il erre ainsi, sans savoir où ni dans qu'elle direction aller. Personne ne l'attends nulle part, alors à quoi bon ? La seule personne qui le comprenait, qui comprenait sa nature, était son père, loup-garou également.

C'était celui aussi qui l'avait mordu, et par la suite pris soin de lui, en lui apprenant à maitriser sa nouvelle forme. Il tomba devant un vampire, se sacrifia pour permettre à son fils de fuir. Après des années de traque, celui-ci avait finalement finit par arracher la vie au suceur de sang, en même temps que sa vengeance. Mais après avoir atteint son but, que lui restait-t-il ? Plus rien, aucune raison de vivre. Un désespoir perçant, solitude envahissante. C'était comme un creux, un vide abyssal. Une sensation insupportable... qu'il essayait de combler en tuant, encore et encore...Il massacrait les troupeaux et tuait plusieurs habitants des villages où il passait, et disparaissait aussi rapidement qu'il était apparu. Les paysans l'ont surnommé Ombregriffe, car les seules choses qu'on aperçoit lorsqu'il attaque sont une silhouette noire et des griffes maculées de sang...

Il voyage beaucoup, car il prends soin de s’éclipser quand les villageois commencent à appeler les chasseurs... Mais une question le taraude : en existe t-il d'autres comme moi ? Passant le plus clair de son temps en forêt, le seul loup-garou qu'il connaissait était son père...
Affamé, Ombregriffe décide de suivre l'odeur humaine, pour arriver sur un village. Celui-là est différent : plus grand, et plus protégé que les précédents. Un loup garou raisonnable prendrait forme humaine avant d'y entrer, pour ne pas attirer l'attention...mais pas lui. Il se précipite dans les rues, babines retroussées, et se jette sur un malchanceux passant, créant une panique générale. Il saute dans la foule, déchire et lacère tout ce qui lui tombe entre les crocs. Dans la masse d'humains braillards, il en remarque qui ne semblent pas affolés...et qui braquent leurs armes vers lui...des chasseurs...son sang ne fait qu'un tour, il se rue sur eux. Il réussit à en tuer un, avant de sentir le fer de leur arsenal s'enfoncer dans sa chair. Acculé et blessé, il saute sur le toit le plus proche, et disparaît dans la nuit.

S’élançant de toits en toits, il finit par s'écraser dans une ruelle déserte. Haletant, il se traine jusqu'à une petite place délaissée, laissant une trainée sanglante derrière lui. Il plonge son flanc blessé dans la fontaine, dont l'eau glacée et terne se teinte immédiatement de rouge. Après quelques minutes, il remarque que l'air est chargé d'une odeur familière, mais qu'il n'arrive pas à identifier. Sortant de la source, il s'aperçoit qu'elle émane d'un ramassis de papier abandonnés. Un attira son attention :

« Chers frères, chères sœurs,

La guerre est maintenant plus féroce que jamais, le nouveau Ragnarök est pour bientôt. L'issue de cette bataille verra une de nos espèces prendre l'ascendant sur les autres. Afin de voir notre race supérieure s'imposer il est temps de se rassembler sous le même étendard. Comme le dévoreur de Dieux Fenrir par le passé, nous serons capable de vaincre n'importe quelle armée si nous unissons nos forces.

Si vous souhaitez nous rejoindre, vous saurez où nous trouver. Nous vous attendons.

N'oubliez pas l'union fait la force,

Welden Loup Alpha de la meute Fenrisúlfr. »

Fenrir...notre race...union...Ces mots retentirent dans son esprit. Est-il possible qu'il y en est d'autres comme lui à proximité ? Il reste pourtant méfiant...dans l'immédiat, il lui faut trouver un abri dans lequel se rétablir...puis partir à leur recherche. Welden, Fenrisúlfr...il grava ces noms dans sa mémoire. Le chaos qu'il a causé en ville n'est surement pas passé inaperçu...